"LES OREILLES HUMAINES SONT NOTRE CIBLE"

Peux-tu présenter le groupe Horion ?

Horion: (ouvrant un dossier de presse) C’est un groupe d'individus déterminés à porter à son paroxysme la relation sadomasochiste consommateur / producteur par le développement d'un néo-tribalisme urbain. Une mutation est en cours qui détruira les normes sociales, politiques et sexuelles actuelles. Nous voulons orienter cette mutation en offrant à nos contemporains une vision sonore de l’ambiance post-contemporaine. Les oreilles humaines sont notre cible privilégiée. Même si nous avons des objectifs extra-musicaux, seule la musique est fondamentale pour Horion.

Vous définissez-vous comme un groupe de Drum & Bass ?

H: C’est clair qu’on se place dans une optique hardstep touffue. Du genre, il se passe des trucs, pas seulement pour te réchauffer les jambes en bouffant des putains de pilules de merde. On fait de la D&B, c’est ça qui nous intéresse, mais pas comme les autres, on n’entretient pas une formule qui marche… d’ailleurs, elle ne marche plus tant que ça.

Qu'est ce qui ne fonctionne pas ?

H: La D&B est née en 1995, a percé en 1996, est morte en 1997. Bon, c’est un peu exagéré. Disons que beaucoup de choses ont été faites, très vite. Dans certains endroits, la Drum marche toujours, mais pas grand chose a changé depuis 1997.

Cette scène est donc pour vous sans intérêt?

H: Il y a toujours des choses intéressantes mais c'est une scène élitiste et concurrentielle, une bande de potes qui se font mousser dans leur coin. C'est dommage.

Cette définition colle à quasiment tous les mouvements musicaux français parisianistes, vous n'entretenez donc aucun contact avec cette scène ?

Quel sont donc vos influences ?

H: Multiples. Foucault, parfois con mais très fort, Lautréamont, Ray Bradbury. Jacques Tati, mis à part le côté nostalgie. Jim Thirlwell alias Fœtus, maître en ligne directe. Einstürzende Neubauten, Scorn, Bill Laswell. Plus récemment Fela Kuti ou le label Position Chrome. Et Dieu, que je n’ai jamais rencontré.

Quel type de matériel utilisez-vous ?

H: Les chaînes, le cuir, les clous... En fait les machines nous gonflent terriblement… Ce sont la vie, la chair et l’âme qui nous plaisent, pas les 0 et les 1. On aime donner de l’âme aux machines, pas leurs matricules.

Et comment composez-vous ?

On a des idées de collusions de samples, on appuie sur nos boutons, en se prenant la tête avec les séquences et le mix, et c’est bon. Il s’agit souvent de créer de la cohérence à partir d’éléments hétéroclites, de donner un sens nouveau au déjà fait.

On cherche à maîtriser nos machines, à créer notre son, pas à faire tourner les bécanes. On travaille les samples avec des effets avant de les utiliser dans le morceau. On limite les connexions au minimum. Synthés, samplers, bandes et autres sortent sur une table quatre pistes, puis sont enregistrés directement sur minidisc.

Un travail en studio ne vous intéresse pas ?

Non, tout le sport consiste à rendre les studios inutiles.

Et la micro informatique musicale?

Peux-tu nous parler du label "NKS international/ Opportunist Subdivision" présent sur votre CD ?

Le NKS International est plus qu'un simple label. C'est une secte multinationale extrémiste dont l’objectif premier est la lutte armée contre l’endoctrinement orchestré par la mafia politicarde afin d’entretenir sa domination. La subdivision opportuniste cherche à séduire les jeunes en mal de rébellion post-post-moderne en gangrenant le monstre de l’intérieur. Il s’agit de forger une élite d’êtres surhumains, hommes-machines, pour préparer la destruction des gouvernements planétaire et locaux. Amusant, non ?

On dénombre pas mal de références à la religion catholique dans votre CD ?

Concurrence sectaire ? Nous avons tous le sang du christ sur les mains. Et ça fait chier, ça part pas. Pourtant je suis très propre comme garçon. A part ça l’Apocalypse, ça tape. Mais moins que la variété française.

C'est une scène que tu apprécies ?

Oui, ça me donne une raison de vivre. Il faut connaître ses ennemis.